L’heure du thé
N°
Client
Lieu
Référent
Phase
Année
Surface
Budget
Partenaires
Entreprises
Photographe
Press Kit
Tag
011
Privé
56 000 Vannes, Morbihan
Paul de Greslan
ESQ/AOR – livré
2021 – 2023
Extension 22 m²
80 000 € HT
Etudes environnement : géotechnique
Maçon BMTP, Charpente Isolation Kanopé, Couverture Atoit, Electricité SOPEV, Citerne BZH2O
Maxime Castric
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Maison / Extension
Un projet de pièce en plus, une dent creuse au dessus du garage et une chouette famille amatrice de littérature … Il n’en fallait pas plus pour que ce projet d’extension bois à Vannes trouve son expression propre et embarque tout le monde dans une ambiance aux notes de thé et de paille de riz. La surélévation du garage, tout en bois, offre un espace à part, que chacun s’approprie à sa manière : une réinterprétation du zashiki, la pièce de réception couverte de tatami des maisons japonaises. Accessible depuis le salon par une volet de marche et un passage étroit dans le mur maçonné, on y vient pour se retrouver au calme des après-midi en famille, des séances de coloriage allongé sur les tatamis, ou encore des journées studieuses perchées sur la mezzanine, avec vue sur le jardin. La pièce est décomposée en trois parties. Au centre, les 6 tatamis délimitent une mima, l’espace du thé. Elle est flanquée de parties périphériques planchéiées: au nord, le tsukeshoin, cabinet de lecture, et au sud, l’engawa, espace de transition avec le monde extérieur.
La structure est portée par 6 poteaux de robinier massif non écorcé. Ces éléments archaïques, tout juste sélectionnés et coupés en forêt, impriment le rez-de-chaussée de leur matérialité forte. Fruit d’une collaboration entre le forestier, le charpentier et l’architecte, cette mise en œuvre offre au premier un point de vue renouvelé sur sa matière première, qu’il débite en temps normal pour en faire du bois de chauffage. Côté jardin, les deux poteaux sont posés sur des pierres de granit, dont la trace s’imprime en négatif dans le bois, selon la technique japonaise de l’Ishibatate.
Au rez-de-chaussée toujours, le débord du volume au Sud abrite un espace de transition, le seuil de la maison. A la manière des doma, espaces en terre batue sous l’auvent, ce lieu au sol gravilloné est marquée par la présence de l’eau, stockée ici sous la forme d’un mur-citerne délimitant le garage de l’extérieur. Près de 2000 litres contribuent à réduire la dépendance en eau pour les usages non-alimentaire, en lien avec le garage adjacent. Jouxtant le doma, une noue paysagère récupère l’excès d’eau pour l’infiltrer et rafraichir l’air ambiant.
Le bois accompagne le projet sous de nombreuses formes. Les façades sont vêtues de bardeaux de châtaigner. Ces « écailles » sont découpées à la hache plutôt qu’à la scie, de façon à conserver l’intégrité des fibres du bois, et éviter leur vieillissement prématuré. Les éléments extérieurs de structure sont réalisés en chêne, naturellement résistant aux intempéries. A l’intérieur, les murs se parent de contreplaqué de peuplier, tantôt naturel, tantôt chauffé, plus résistant à l’usure liée aux frottements. Enfin, les vieilles poutres de l’ancien garage délimitent les différents espaces.
Largement inspirée de la tradition japonaise de charpenterie et du kiwari, système japonais de proportionnalité des éléments constructifs et spatiaux, cette architecture meuble délaisse néanmoins les unités nippones (sun, shaku, ken, jõ) multiples de 30,3 cm pour retrouver les standards européens de dimensionnements, multiples de 25 cm (12,5, 50, 100). Une réflexion « du poteau au tatami » est donc menée pour concevoir l’ensemble d’une seule trame unificatrice : la structure, les tatamis au sol, les étagères, composent la même partition.