Qui voit Groix voit sa joie
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Dans le village de Kerguélen les Roseaux, un modeste pavillon affronte fièrement les éléments. Récemment acquis, les propriétaires souhaitaient le démolir pour ériger à la place une villa. Dans l’optique de valoriser les qualités de l’existants (réglementation urbaine, économie, environnement), nous proposons alors un contre-projet, visant la réhabilitation et extension lourde du pavillon. Quoique d’une grande simplicité formelle, cette construction offre une base sûre et disponible.
L’enveloppe existante abrite les espaces « privés » : deux chambres avec salle d’eau au RDC, une vaste suite parentale à l’étage. Chaque espace jouit d’un éclairage naturel, et d’importantes ouvertures en toiture permettent de profiter pleinement de la vue sur Groix. Dans l’extension se trouvent les espaces de vie de famille et de réception. Au RDC, une cuisine généreuse et conviviale et une grande salle à manger, largement ouverte sur le jardin et prolongée d’une terrasse. En double hauteur sur la cuisine, une mezzanine, offre des vues panoramiques de la Pointe de Gavres jusqu’au phare de Pen Men.
Sur cette dune solitaire, ma maison affronte les quatre murs du monde.
Henri Beston, 1928
La Dune, la Voile et Groix
Au sommet de la dune glissent les bateaux. Porte-conteneurs, voiliers de courses et plaisanciers flottent sur le sable clair, roulé par les embruns entre quelques chardons gaillards. La mer est absente, seule plane son odeur iodée qui, à marée basse, rappelle sa présence toute proche. Un va-et-vient s’exécute sur les chemins de sable : des plagistes se ruent sur le littoral, et reviennent enfin, rompus de soleil. En voilà trois qui, planches sous un bras et voiles sous l’autre, rentrent chez eux en quête d’une douche bien méritée.
Abrité des éléments par la dune blanche, une poignée de maisons se tapie dans l’arrière prairie. Elles prennent ensemble forme d’un coquillage, une Saint-Jacques dont le centre serait tourné vers la dune, et les rayons vers la terre. Nos trois sportifs rejoignent l’une d’elles, posant leur barda sur la pelouse avant de rincer l’ensemble et bientôt, se rincer eux-mêmes.
A l’étage de cette maison aux avant-postes du littoral, un tableau plus large se découvre. Dans un panorama qui court de la rade de Lorient aux rives de Groix, l’horizon azur scintille des vagues qui enfin s’offrent au regard. La mer est là, plaine immense, toute entière disposée à refléter le soleil de l’Eté. Groix, l’île aux Grenats, présente la richesse de son flanc à la vue, à peine entrecoupé par quelques pins récalcitrants. Et le jour coule sous la nuit dans un tintement de rires.
Soudain, le vent se lève, et c’est l’hiver. La maison est battue par de violentes rafales, auxquelles elle oppose son imposante toiture. La mer elle-même livre un assaut sans répit au rivage et à sa dune. A travers la tempête, les petites voiles de nos ex-estivants bravent les éléments. Le poêle leur offre un horizon, une promesse de chaleur quand il sera l’heure de rentrer.
Alors, quand seule la lueur de Pen Men percera le froid, nos trois s’en réjouiront, se rappelant le fameux adage : « Qui voit Groix voit sa joie »
La maison transformée se couvre d’une vaste toiture unificatrice en chaume. Ce matériau, longtemps prédominant dans la région et peu à peu remplacé par l’ardoise, retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesses. A quelques dizaines de mètres des marais dont il était jadis extrait pour couvrir les chaumières des environs, son utilisation ancre le projet dans le temps long.
En effet, l’exposition aux embruns est particulièrement favorable à l’utilisation du chaume, retardant fortement la formation de mousse, et limitant d’autant les besoins d’entretien à terme.
Notre proposition s’inscrit au croisement des dynamiques dunaires, des savoir-faire locaux, de l’art de vivre au bord de l’eau, des sessions de glisse et du grand paysage.
Votre manière de penser et de concevoir un projet est tout simplement bluffante.
Encore une fois, mille mercis pour tout le travail accompli et pour votre gentillesse.
Les clients
Quoi qu’il arrive dans le monde des humains, nous ne parviendrons pas à ternir un lever de soleil,
interrompre le mouvement des vents ou endiguer la course des brisants
qui se bousculent vers le rivage.
Henri Beston, 1928